Le Canal de Nantes à Brest



Jour 1

65 km
Nantes → Blain
Vous quittez Nantes au petit matin. L’Erdre vous accompagne dans une lumière dorée. Les roues crissent sur les graviers, le vent caresse les bras nus. À La Chapelle-sur-Erdre, le jardin des Hespérides vous accueille dans un parfum de fruits mûrs. Cerises, figues, pommes anciennes : tout ici raconte une passion du goût.
En remontant la vallée, vous croisez de fiers châteaux, alignés comme des sentinelles sur l’eau. Leurs silhouettes dansent dans les reflets. À Sucé-sur-Erdre, les canards glissent doucement. Le calme est tel qu’on entendrait presque son cœur battre.
Vous rejoignez le canal à la hauteur de Nort-sur-Erdre. Le monde s’apaise : plus de voitures, juste le bruissement des arbres, le clapotis régulier des écluses, et le chant discret d’un héron cendré qui s’envole à votre passage. À Blain, la massive silhouette du château de la Groulais veille sur la ville. Avant de vous reposer, ne manquez pas la collection insolite de crèches et de fèves du musée de Blain.


Jour 2

54 km
Blain → Redon
Le petit matin sent la rosée. Vous enfourchez votre vélo, les jambes un peu raides, mais l’esprit léger. Le Canal de Nantes à Brest déroule son ruban vert. Bocages, petits ponts, pinèdes aux senteurs résineuses : chaque virage offre un nouveau décor.
À l’écluse de Melneuf, le clapotis de l’eau sur les pierres berce votre pause. Le chant des mésanges se mêle aux odeurs de mousse. À Guenrouët, la cidrerie Kérisac vous invite à une dégustation pleine de bulles, tandis que les vitraux multicolores de l’église projettent des taches de lumière sur le sol frais.
Après quelques coups de pédale, vous arrivez à Redon. Ici, l’eau est reine. Trois rivières s’entrelacent, les reflets du ciel s’y noient, et les écluses fleuries bordent le port. La vieille ville, avec ses maisons à pans de bois, semble sortie d’un autre temps. Les senteurs d’épices venues des anciennes routes maritimes flottent encore dans les ruelles.


Jour 3

64 km
Redon → Josselin
L’air est frais, humide, chargé d’odeurs de sous-bois. Vous quittez Redon, guidé par le canal. Soudain, le paysage s’ouvre : bienvenue à l’Île-aux-Pies, un écrin sauvage où les pins maritimes grattent le ciel, et les fougères gémissent sous les roues. Les hérons guettent immobiles, les pics-verts tambourinent les troncs.
Pause à Peillac, où l’on entend encore le vent tourner les ailes du dernier moulin à vent. Puis c’est Malestroit, joyau de l’Oust, qui vous accueille avec ses gargouilles et ses ruelles fleuries. En repartant, une odeur de malt vous guide jusqu’à Le Roc-Saint-André, où l’on brasse à la fois la bière et le Breizh Cola.
Enfin, Josselin se dresse comme un mirage. Sa forteresse vous accueille avec panache. Les colombages colorés, les géraniums aux fenêtres : tout ici est tableau.


Jour 4

50 km
Josselin → Pontivy
Ce matin, l’eau miroite d’un éclat d’argent. Vous rejoignez l’abbaye de Timadeuc, dont les pierres blondes exhalent une odeur de pain et de calme. Le chant des moines vous accompagne un instant, avant de reprendre le guidon.
À Rohan, le canal reprend ses droits. Vous entrez dans une portion hypnotique : 20 kilomètres, 54 écluses, un rythme lent, cadencé, presque méditatif. Chaque écluse devient un repère, chaque panneau un appel à l’observation. La flore exulte : digitales, iris, et fougères disputent l’espace.
Pontivy vous accueille sous les tours massives du château des Rohan. Dans la lumière dorée de l’après-midi, ses rues alternent maisons anciennes et tracé impérial. L’histoire est partout, jusque dans les pavés.


Jour 5

58 km
Pontivy → Rostrenen
Vous glissez le long du Blavet, dont les rives luxuriantes font penser à une jungle bretonne. Les libellules dansent au-dessus de l’eau, les grenouilles coassent entre les roseaux.
À Guerlédan, l’Electrothèque vous raconte l’histoire de l’électricité, avant que le barrage et son lac émeraude n’apparaissent au détour d’un virage. Silence. Majesté. On se croirait au Canada.
Vous grimpez ensuite une ancienne voie ferrée, dominant la vallée. À l’horizon, les Forges des Salles somnolent dans la verdure. Vous entrez dans Gouarec, havre de paix, puis traversez bois et clairières jusqu’à la chapelle Notre-Dame-de-la-Pitié, intacte depuis le XVIe siècle. Quelques tours de roue et vous êtes à Rostrenen, nichée au creux des collines.


Jour 4

50 km
Rostrenen → Carhaix-Plouger
Le canal se réveille doucement. Les jonquilles bordent le chemin, les oiseaux saluent l’aube. Puis c’est l’échelle d’écluses : 15 en 4 km, un enchaînement aussi spectaculaire que tranquille.
Vous filez à travers les champs, sentez l’odeur du foin fraîchement coupé, jusqu’à Carhaix, ville des Vieilles Charrues. Dans ses ruelles, les maisons Renaissance penchent sous le poids du temps. Terminez par une visite mousseuse à la brasserie Coreff.


Jour 7

75 km
Carhaix-Plouger → Châteaulin
Une longue journée vous attend. Vous entrez dans la vallée de l’Aulne, silencieuse, végétale, profonde. À chaque virage, des hérons s’envolent, des cormorans plongent, et le vent souffle dans les feuilles comme une berceuse.
À Châteauneuf-du-Faou, le château de Trévarez s’élève au-dessus de la vallée. Puis Pleyben vous dévoile son enclos paroissial, chef-d’œuvre religieux sculpté dans la pierre. Vous terminez à Châteaulin, doucement bercé par la rivière.


Jour 8

59 km
Châteaulin → Brest
Le dernier jour sent l’océan. À Port-Launay, l’air devient plus salé, plus frais. Le canal vous porte jusqu’à Le Faou, cité aux maisons ardoisées, dont les cheminées fument encore le matin.
Les champs défilent, les jambes tirent, mais vous sentez la fin proche. Après Daoulas et Loperhet, vous franchissez le pont de l’Iroise : devant vous, Brest, vaste et ouverte sur l’Atlantique.
Là, vous terminez votre itinérance en toute simplicité : grâce à la location one-way Paulette, vous déposez votre vélo directement à l’agence, sans contrainte. La tête encore pleine d’images, les sacoches plus légères, vous êtes libre de flâner dans la ville. Montez à bord d’un navire militaire, visitez le musée national de la Marine, ou profitez d’un panorama unique depuis le château de Brest. Puis, direction une crêperie pour savourer une dernière galette croustillante et une bolée de cidre.
Le souffle est court, mais le cœur est plein. Vous avez traversé la Bretagne par le canal. À votre rythme. En toute liberté à vélo.